09 décembre 2025
“Il n'y a pas de consommation d'alcool sans risque”
“Il n'y a pas de consommation d'alcool sans risque”
L’alcool est omniprésent dans notre société. Pourtant, même une consommation dite “modérée” peut avoir des effets néfastes. La pharmacienne et alcoologue Marie-Anne Meulders nous aide à mieux comprendre les risques et nous invite à faire le point sur notre consommation.
L’alcool est très présent dans notre culture, notamment pendant les fêtes. À partir de quand peut-on dire qu’on boit “trop”?
Le mot “trop” est très subjectif. Selon les recommandations officielles, une consommation est considérée à risque dès qu’elle dépasse 10 unités d’alcool par semaine. Cela correspond à la règle du “10-2-2”: 10 unités par semaine, maximum 2 unités par jour, et au moins 2 jours d’abstinence. En dessous de ce seuil, on parle d’une consommation à moindre risque. Il faut donc garder en tête qu’aucune consommation d’alcool n’est bonne pour la santé. Et certaines situations rendent la consommation encore plus risquée: grossesse (il faut arrêter l'alcool dès le désir de grossesse), conduite, prise de certains médicaments, travail avec des machines, des appareils électriques ou des échelles, etc.
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Pour rappel, 1 unité d'alcool = 25 cl de bière à 5 % 1 unité d'alcool = 10 cl de vin à 12 % 1 unité d'alcool = 3 cl de whisky à 40 % |
Quel impact l’alcool peut-il avoir sur notre quotidien?
L’alcool peut avoir des répercussions profondes sur notre santé et notre vie quotidienne. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), sa consommation est associée à plus de 200 pathologies et traumatismes. Mais il faut comprendre que la dépendance ne s’installe pas soudainement ; la consommation d’alcool s’inscrit dans un continuum. On ne devient pas dépendant du jour au lendemain!
On parle d’usage nocif lorsque la consommation d’alcool est liée à des problèmes de santé physiques, psychiques ou psychosociaux. Pensez à une perte d’emploi, une séparation, un accident de la route, mais aussi aux pathologies comme le diabète, l’hypertension, certains cancers, des troubles du sommeil (l’alcool fragmente le sommeil et le rend moins réparateur), des troubles cognitifs, des maladies du foie ou encore une dépression.
La bonne nouvelle, c’est que toute réduction de la consommation d’alcool est bénéfique. En 2024, l’association Univers Santé a recueilli les témoignages de participants à la Tournée Minérale: après un mois sans alcool, plus de 70 % ont rapporté des effets positifs tels qu’un sommeil plus réparateur, davantage d’énergie, une humeur améliorée, une perte de poids et une productivité accrue.
Rappelons toutefois qu’une personne dépendante ne doit jamais arrêter sa consommation du jour au lendemain et sans accompagnement médical. Un sevrage non encadré peut entraîner des complications graves voire mortelles.
Quels sont les signes d’une dépendance, même discrète?
La dépendance, c’est l’incapacité à s’abstenir de consommer. C’est quand on n’arrive plus à dire non. Si une personne ressent le besoin irrépressible de boire chaque soir pour se détendre, par exemple, cela peut déjà être un indicateur. Il peut aussi y avoir des signes physiques (comme des tremblements, ou plus grave: l’épilepsie ou le délirium tremens) ou psychologiques (anxiété, irritabilité, troubles du sommeil…) lorsqu’on ne consomme pas.
Pour s’auto-évaluer, on peut se référer aux “5 C”: perte de Contrôle, Compulsion (consommation compulsive, ne pas pouvoir s’empêcher de le faire), usage Continu, Craving (envie irrépressible de consommer), et consommation malgré les Conséquences négatives.
En tant que pharmacienne, dans quelles situations vous arrive-t-il de parler d’alcool avec vos patients au comptoir?
La question de l’alcool revient souvent lorsque les patients viennent chercher des produits de santé ou des médicaments pour mieux dormir ou calmer leur anxiété. Ce sont des portes d’entrée naturelles pour aborder le sujet. Il m’arrive aussi d’en parler lorsqu’un patient présente une hypertension, un diabète difficile à stabiliser ou une dépression. Dans ces cas, il est essentiel de considérer la consommation d’alcool comme un facteur aggravant.
Les campagnes comme la Tournée Minérale sont également de bons moments pour ouvrir le dialogue et déstigmatiser le sujet.
On parle facilement du tabac, mais l’alcool reste encore un tabou, alors qu’on devrait en parler aussi naturellement qu’on parle de la pluie et du beau temps.
Pourquoi est-ce souvent difficile de parler de sa consommation d’alcool?
Parce que l’alcool est valorisé dans notre culture. On le voit comme un symbole de fête, de convivialité. Mais dès qu’il devient un problème, il est stigmatisé. Les femmes, en particulier, sont souvent jugées plus sévèrement, ce qui pousse à une consommation cachée. Les personnes concernées ressentent souvent de la honte, de la culpabilité, et ont une image négative d’elles-mêmes. Elles s’auto-stigmatisent, ce qui rend l’accès aux soins difficile.
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En 2024, l’OMS a d’ailleurs lancé une campagne intitulée “Redéfinir l’alcool”, appelant les Européens à réfléchir à leurs relations personnelles et sociétales avec l’alcool, notamment dans les célébrations et traditions. Rappelons que l’alcool est à l’origine d’un décès sur onze dans la région européenne! |
Il faut aussi déconstruire l’idée selon laquelle la dépendance serait un manque de volonté. C’est une maladie chronique, comme le diabète ou l’asthme, et elle nécessite une prise en charge adaptée.
Que diriez-vous à quelqu’un qui souhaite faire le point sur sa consommation?
D’abord, félicitations: c’est déjà un grand pas. Voici quelques pistes:
- Faire un test AUDIT ou FACE (disponibles en ligne ou en pharmacie) pour évaluer sa consommation.
- Tenir un journal de ses consommations: noter chaque jour les quantités, les moments, le contexte de la consommation.
Il ne faut pas non plus hésiter à en parler à son médecin ou pharmacien. Ils peuvent orienter vers un spécialiste si nécessaire.
Dernière mise à jour le 09/12/2025
© APB 2025 Editeur Responsable: Nicolas Echement
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